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Université Nationale d'Architecture et de Construction D'Arménie

ILS PROUVENT QUE L’AMOUR ENVERS L’ARCHITECTURE N’A PAS D’ÂGE

« La petite-fille de Tamanyan, Gayane Tamanyan, était ma camarade de classe. Quand nous allions chez eux, nous descendions les plans de Tamanyan et les observions pendant des heures » : l’amour de Karen Rashidyants envers l’architecture et la création est né depuis les années scolaires, comme il le dit, les images de l’opéra étaient sur tous les cahiers, il dessinait sans cesse. Avec l’âge cet amour envers cette profession a bien grandi. 

Cette année, le doyen de la Faculté d’architecture de l’Université nationale d’architecture et de construction d’Arménie Sargis Tovmasyan et le chef de la Chaire de la conception architecturale et de design du milieu architectural, architecte honoré, professeur Karen Rashidyants sont les jubilaires principaux de l’université. À l’occasion de son 70e anniversaire, monsieur Tovmasyan a été récompensé de la médaille d’or « Jim Torosyan » de la part de l’université, et monsieur Rashidyants, à l’occasion de son 75e anniversaire, a été récompensé de la médaille d’or « Artur Tarkhanyan ». 

Avec la conviction que les années offrent à l’homme non seulement des rides indésirables, mais aussi de la sagesse, néanmoins, avant l’entretien, j’ai décidé que la conversation sur l’âge sera limitée par les félicitation à l’occasion de l’anniversaire et des médailles. Mais, quand monsieur Tovmasyan a remarqué, avec sourire et une sincère admiration envers son collègue, que Rashidyants n’a que 7.5 fois 10 ans, j’ai compris que pour eux l’âge n’est pas une séquence de nombres, mais une autre étape intéressante de la vie : 

« Quand je me réveille et je me rappelle, qu’aujourd’hui je dois parler à mes étudiants d’un nouvel architecte, le désir de vivre m’envahit aussitôt. Oui, la pensée, que les gens ont besoin de toi, que tu ne t’es pas épuisé et tu as quelque chose à dire, fait vivre » : avec cette formule, chaque jour, monsieur Rashidyants, le professeur aimé des étudiants, vient au travail, il vient pour parler aux étudiants de la littérature, de la musique, de l’architecture, de hauts et honnêtes sentiments humaines et, comme Tovmasyan le remarque, pour faire son travail avec vigueur et excitation qui lui sont propres.    

« Tu es d’accord, n’est-ce pas, Tovmasyan ? Mais le contraire n’est pas possible, car l’architecture c’est de l’amour, du dévouement, de la musique, si l’architecte ne se réveille pas au milieu de la nuit et ne prend pas le crayon, alors il n’est pas un vrai architecte », – dit-il, en même temps, en se reprochant qu’il bavarde et ne permet pas à son collègue d’exprimer son avis. « À notre grande joie, nous avons beaucoup à dire, parce que l’architecture est, vraiment, un art incroyable, un poison, une contagion, qui pénètre dans l’homme et ne le quitte plus pendant toute sa vie », -remarque monsieur Tovmasyan. 

Pour la description du mystère de l’architecture, il est impossible de trouver une expression plus éloquente que celle de Sargis Tovmasyan, qui dit souvent : « L’architecture est une profession divine ». Son explication est aussi convaincante et belle : « Regardez par la fenêtre, du sommet de la montagne, du ciel, qu’est-ce que vous voyez ? On voit partout ce que Dieu a créé et le fruit de la pensée de l’architecte. Il n’y a rien d’autre. Tout le reste va et vient. Ce n’est que l’architecture qui reste comme continuation de l’environnement naturel ». 

J’ai remarqué comment l’expression du visage et l’enthousiasme de mes interlocuteurs ont changé quand j’ai demandé dans quel milieu et quelles couleurs vit l’architecture d’Erevan d’aujourd’hui. Les réponses étaient laconiques, mais profondes, correctes et rassurantes : 

« Actuellement, l’architecture est devenue daltonienne… Erevan est devenu une ville de bâtiments solitaires et étrangers, sans dialogue… Mais nous espérons que le temps va tout mettre à sa juste place ». On dit qu’en poursuivant l’architecture occidentale, nous voulons construire des grattes-cieux, qui sont ridicules et n’ont aucun lien avec le progrès. Dans notre pays, il existe un grand facteur de risque et, en se rappelant que seul l’homme a une valeur absolue, par conséquent, on doit construire en prenant pour principe la solidité, l’utilité, la beauté, n’oubliant jamais que chaque danger naturel menace notre destruction complète. 

« Savez-vous que l’architecture ne doit pas être agressive ? Elle ne doit pas sauter aux yeux quand on marche dans la rue, et alors, dans ce cas, ça ne doit être qu’une construction intelligente, qui se fond dans l’environnement. Ce n’est pas un tableau, qu’on peut déchirer et jeter, elle est permanente », – dit monsieur Rashidyants et ajoute que la construction peut s’user physiquement, mais elle doit être solide moralement. Seul une telle architecture, parlant de l’histoire de l’époque donnée et des relations humaines, peut rendre heureux les gens, et ensuite les architectes. 

« Ce ne sont pas les diplômes, les papiers de différentes couleurs, les médailles et les titres honorifiques, qui rendent heureux les architectes et deviennent leurs applaudissements. Le professeur devient un vrai professeur quand les autres le prouvent, sans avoir vu ses médailles… », « encore je parle beaucoup, n’est-ce pas, Tovmasyan ? ça ne fait rien, tu es jeune de 5 ans, tu as encore le temps… ». 

Des rêves ? Je n’en ai pas beaucoup, dit Karen Rashidyants, je suis déjà heureux : j’ai une merveilleuse famille, un travail que j’aime et un bon entourage, je veux seulement avoir beaucoup-beaucoup de petits-enfants. Mais voilà, ils ont un rêve commun : en tant que citoyen et architecte, ils rêvent qu’un jour l’architecture de l’Arménie va enfin répondre aux exigences de la sécurité, de la solidité et de la stabilité. 

 

11.02.20